Un monde flou, flou, flou
Un monde flou, flou, flou:
Bilatérale Ministère Cgt-Educ'Action sur les EPFS (Etablissement Public des Savoirs Fondamentaux) du 1er avril
Réunion dirigée par Isabelle Bourhis, conseillère sociale de JM Blanquer en présence de la DGESCO, de la DGRH et du conseiller en charge du suivi de la loi au parlement.
Pour la CGT Educ'Action Patrick Désiré Secrétaire Général de la Cgt-Educ'Action et Jérome Sinot Secrétaire National en charge du 1er degré.
Présentation rapide du contexte et du cadre de discussion par le Ministère.
- Le MEN reconnait que cet article n’est pas de son fait et qu’il manque désormais des éléments pour le compléter. L’objectif du ministère est d’échanger avec les OS pour trouver des solutions et amender correctement l’article pour le rendre plus audible et qu’il fasse le moins peur possible.
- L’idée est que ces dispositions permettent un meilleur maillage du territoire (surtout en zone rurale), qu’on évite des fermetures d’écoles et qu’on atteigne des masses critiques d’élèves et de personnels pour garantir la pérennité rurale.
- Il n’est pas question de disparition de directeur-trices d’école ni de faire disparaitre les écoles.
- Le ministre ne veut pas d’un modèle universel et veut juste permettre des dynamiques locales.
Réponses et commentaires de la CGT Educ'Action:
Nous sommes opposés nettement à cet article qui est apparu subitement par jeu d’amendement et qui a été soutenu directement par le ministre. Dans ces conditions, il n’est pas possible pour nous de faire des propositions.
Nous avons déjà eu l’occasion de faire cette analyse, mais aussi de le dire aux sénateur-trices à qui nous avons également proposé des amendements de suppression.
A l’écoute des arguments et des objectifs, il apparait clairement que le ministère souhaite élargir les protocoles ruralité qui existent déjà : pérennité en zone rurale, réseaux d’écoles et d’établissements…
Pour nous, ce projet appelle des questions suite à la lecture du projet de loi et de l’interview de Blanquer dans le Parisien :
Quel avenir pour les directeur-trices des écoles qui entreront dans les EPSF ? Quel avenir des autres directeur-trices ? Quel statut et quelles missions ?
De façon plus générale, que veut dire « continuum éducatif » utilisé par le ministre ? En quoi faire ces EPSF vont-ils donner du « sens » ? S’il existe un problème global dans le suivi pédagogique et les apprentissages, en quoi ces établissements vont-ils le régler ?
Réponses de l’administration :
- Il n’est pas question de supprimer les postes de direction d’école. Aucun.
D’abord parce que les EPSF ne vont toucher qu’une faible part dans l’EN et parce que le lien qu’ils-elles ont est indispensable ds les écoles. - Après relance de notre part, on nous dit que même dans les EPSF, les directeur-trices resteront sur les sites des écoles comme actuellement, avec quotité de moyens et de décharge calculés de la même façon…
Notre analyse :
Cette réponse peut paraitre rassurante sur les postes de direction. Mais elle interroge sur l’objectif réel des EPSF. Chose que nous demandons à l’administration : qu'apporteraient ces établissements aux élèves et aux personnels en termes d’apprentissages et de conditions de travail ? Ils répondraient à quelle problématique ?
Réponse de la DGESCO :
il est important de réaffirmer l’utilité et le travail du conseil Ecole-collège et de faciliter le travail des équipes pédagogiques autour de projets… L’accent est clairement mis sur le cycle III et le « continuum » pédagogique pour aider les jeunes collégiens à s’insérer ds un environnement hostile. L’administration souligne aussi la liberté donnée aux équipes d’organiser l’établissement et les classes comme elles souhaitent (aménagement d’horaires, de répartition des classes et des moyens…). Pour le reste, Rien!
Quelques remarques de la part de la Cgt-Educ'Action:
Nous déplorons le calendrier de travail qui fait que cette discussion a lieu après le vote en première lecture et l’apparition de la mesure via un amendement. Il aurait été plus sain que nous puissions discuter en amont de la chose. On a le sentiment d’une improvisation et d‘une urgence face à une situation tendue et des propositions qui créent un émoi chez les collègues, chez les parents et chez les élu-es.
Nous comprenons en définitive que cette proposition n’est plus une expérimentation. Si la conseillère sociale utilise ce terme, il est rétoqué par le conseiller en charge du projet de loi… Cette proposition inscrite dans la loi va permettre la poursuite des expérimentations déjà en place sur le territoire et qui ne concernent que très peu d’élèves.
Nous demandons alors si des études et des évaluations sur la quantité d’écoles concernées et sur les résultats ont été effectuées. Et là, silence radio et incapacité flagrante et reconnue de répondre. Nous soulignons que la méthode est très regrettable et que pour tout travail de la sorte, il est indispensable d’évaluer avant d’élargir et généraliser… Rien de fait nationalement ou localement.
L’administration reconnait aussi à demi-mots que la situation de Rennes, qui "expérimentait" ce dispositif est chaotique…
Enfin, sur la question du statut de personnel de direction du premier degré, c’est le grand flou… Ils tâtonnent. Hésitation entre statut et recrutement de personnel de direction, personnel équivalent à direction SEGPA, PE aux fonctions de direction ou le détachement… Tout est possible…
En conclusion:
Une discussion surréaliste où on se rend compte qu’ils ne maitrisent absolument pas le dossier et les objectifs à atteindre. On se rend compte aussi d’une certaine méconnaissance du projet de loi car au moment où nous évoquons l’article 18 et le rôle du CA et son enjeu sur la question des EPSF, il y a comme un vide et une découverte… Ils reconnaissent qu’il reste encore énormément à faire après la loi avec tous les décrets d’application…
On nous annonce une loi applicable à la rentrée de septembre ce qui semble exagéré au regard de tous les obstacles à dépasser…
Concernant la construction des EPSF, nous avons fait remarquer que leur instauration allait une nouvelle fois territorialiser l’EN et casser le cadre national. Et que le pilotage ainsi que la maitrise d’œuvre ne serait plus du ressort du MEN mais bien des collectivités territoriales. On nous répond qu’il faudra une unité et unanimité des décisions pour que cela soit mis en place et que c’est révisable régulièrement…
En définitive, aucune réponse et beaucoup d’approximations qui ne permettent pas aujourd’hui de savoir à quoi ça va mener… On nous joue la carte de l’apaisement avec le maintien des directions d’école et le consensus obligatoire autour du projet. Mais aucune réponse sur l’apport éducatif et pédagogique de la chose. A la question : « a-t-on analysé le système et trouvé des problèmes entrainant des difficultés de réussite des élèves? et du coup ces établissements seraient des solutions pour les dépasser ? ». Aucune réponse. Tout est dit… et ce n’est pas un poisson d’avril !