Vers le modéle anglo saxon?
Depuis quelques temps on voit poindre des comparaisons avec d’autres pays européens concernant nos conditions de travail et surtout nos salaires.
Mais pour bien comprendre ce qui nous attend, il convient de pousser plus loin la comparaison…
On peut craindre que la manière dont fonctionnent les écoles anglo‐saxonnes préfigure ce qui va petit à petit être mis en place dans notre pays, alors effectuons une rapide comparaison avec l’école britannique.
Il n’y a pas que du négatif dans les conditions de travail dans les écoles anglaises. Primo et tout le monde le sait, les enseignants anglo‐saxons sont mieux payés que nous….. Ce n’est pas difficile car on est les plus mauvais dans ce domaine au niveau européen.
Au niveau matériel, les enseignants y sont bien mieux traités qu’en France. Actuellement dans mon école, il n’y a même pas un endroit où on peut manger….. On fait réchauffer nos Tupperware dans un micro onde qui est posé sur le bidet de la salle de bain de l’ancien directeur d’école….. Dans la plupart des écoles surtout en milieu rural, c’est comme ça…. On mange où on peut : dans un placard, dans une salle de classe, parmi les cahiers et entre la photocopieuse et la plastifieuse. Et bien tout ça, ce serait impensable en Grande‐Bretagne. Lors de mon expérience en tant qu’enseignante en Grande Bretagne, je me souviens d’une fois où la bouilloire électrique est tombée en panne et où elle a été remplacée dans la journée car il n’était pas envisageable que les enseignants et les autres catégories de personnel restent sans possibilité de se faire un thé.
Enfin, pour ce qui est du positif en Grande‐Bretagne, il ne faut pas oublier que chaque enseignant même en élémentaire travaille avec l’aide d’une auxiliaire qui est l’équivalent d’une Atsem. C’est très précieux de ne pas être seul‐e à porter une classe et à pouvoir avoir une aide pour tout ce qui est tâches matérielles. Je pense que tout le monde voit ce que je veux dire.
Malheureusement ce ne sont pas ces bons côtés que nos gouvernants veulent importer. En effet rien n’est prévu pour revaloriser nos salaires ou pour améliorer nos conditions de travail. En revanche nous commençons à subir les premières tentatives pour mettre en place chez nous les effets pervers du modèle anglais.
Car ce qui rend le travail très compliqué en Grande Bretagne, c’est d‘abord, une pression très importante et continuelle , qui est exercée sur chaque enseignant. Les inspections sont annuelles et se font sur la base du respect des prescriptions officielles et non des situations réelles de travail avec des tas de cases à cocher par l’inspecteur ( et c’est vrai que de plus en plus , nos IEN , ont tendance à vouloir imposer ce modèle qui pourrait être amplifié avec la réforme – toujours d’actualité – de l’évaluation des enseignants )
Dans le cas où l’évaluation est mauvaise, le prof. a un mois pour se mettre en conformité avec les injonctions. Au cas où ce serait toujours mauvais, il risque d’être licencié….. Et cela, ça touche tout le monde, y compris les enseignants en fin de carrière qui risquent donc d’être virés juste avant leur retraite……
Cette pression engendre beaucoup de problèmes de santé chez les agents du système éducatif on s’en doute ( là encore on ressent aussi chez nous une dégradation de la santé des personnels, toutes les sources le confirment ( MGEN, inspecteurs hygiène et sécurité de l'EN, enquêtes de terrain ) l’état sanitaire des personnels de l’Education nationale (EN) n’est pas bon . Il est rare d’aller au boulot dans le bien-être, sans côtoyer des collègues manifestement en difficulté). En Grande Bretagne, il y a eu une grève très suivie il y a quelques années sur la question des conditions de travail ce qui montre qu’il y a un véritable problème. Souvent les enseignants ne résistent pas au stress et démissionnent. En ce cas, beaucoup d’entre eux intègrent des agences de remplacement qui sont des agences privées qui assurent le remplacement des enseignants absents.
Il n’est pas pensable en effet en Grande‐Bretagne que des élèves soient répartis dans d’autres classes comme c’est trop souvent le cas chez nous.
Le système éducatif britannique prévoit que le remplacement soit assuré par des personnes ayant les fameux contrats « zéro heure ». Ce sont des personnes qui attendent qu’on les appelle le matin pour aller faire un remplacement…… si elles ne sont pas sollicitées…. Elles ne sont pas payées…… ( on commence à voir aussi en France cette précarisation de plus en plus forte des personnels enseignants, avec l’arrivée de contractuels formés en une journée ( 25 l’an passé pour le département du Var ), pour combler le manque de remplaçants ( cette année encore l’Inspection académique devrait embaucher de nouveaux contractuels … VOIR la PETITION à SIGNER)
Au niveau syndical en Grande Bretagne, tout le monde doit obligatoirement être syndiqué… mais on ne peut faire grève que si son propre syndicat appelle à la grève, c’est comme ça….