Audience AESH à l'inspection académique du Var
AESH
Compte Rendu de l’audience CGT Educ’Action / Inspection Académique, le 23 mai 2018
CONDITIONS DE TRAVAIL DES AESH – ACCUEIL DES ELEVES EN SITUATION DE HANDICAP
Les AESH de la CGT Educ’Action et son secrétaire académique ont été reçus par M. Millangue (IA-DASEN), Mme Lopez (secrétaire générale) et M. Boutonnet (IEN ASH). Suite au mouvement de grève contre la précarité dans la fonction publique, le 5 avril 2018, initié par les AESH et AED du département soutenus par la CGT Educ’Action du Var, nous avons décidé ensemble de solliciter cette audience. Il était important pour nous d’interpeller notre hiérarchie sur les difficultés du métier d’AESH, l’isolement et la précarité.
Sujets abordés au cours de l’audience
- Mise en danger des personnels et des autres enfants
- Situation des enfants qui ne sont pas accueillis dans un environnement adapté
- Nécessité de moyens matériels pour l'accueil des enfants
- Besoins de formations adaptées
- Reconnaissance du métier d'AESH
Nous avons expliqué que le métier se dégradait depuis quatre a cinq ans avec des élèves dont le comportement, violent parfois, devenait de plus en plus difficile à gérer et que nous étions au-delà de l’accompagnement scolaire. A l’heure de l’école de l’inclusion, il est désolant de devoir aussi souvent isoler les enfants. Il est désolant que les autres enfants soient spectateurs de certaines scènes qui dégradent leur regard sur le handicap. Ces situations sont difficiles à vivre pour nous et les enfants avec le sentiment que l’institution est parfois maltraitante avec ces enfants pour lesquels les structures scolaires semblent parfois inadaptées.
M. Millangue comprend ces situations et partage ce constat. Il nous indique que les notifications MDPH ne dépendent pas de son autorité et s’imposent à lui. Or, il y a une réelle inflation du nombre de notifications qui ont doublé en 4 ans. Tous les enfants ne sont pas accompagnés « nous sommes sous l’eau en termes de réponse à l’accompagnement ».
A partir du moment où les enfants sont en classe, il faut que les équipes de suivi fonctionnent. Par exemple, c’est à elles de dire ce qu’il serait bon de faire et de préconiser dans les situations les plus difficiles, comme lorsqu’un enfant serait mieux dans un IME. Il précise toutefois que les places en IME sont rares et que c’est une contrainte très forte.
Les cas de violence restent minoritaires et il ne les ignore pas.
Nous lui indiquons que nous savons cela mais que ces contraintes, qui sont purement budgétaires, plongent les enfants, leurs familles et les accompagnants dans une grande détresse.
M. Millangue dit que les limites de l’inclusion se posent clairement. Il affirme qu’AESH est désormais un véritable métier, reconnu, avec une carrière et que la précarité se réduit. Il ajoute que les choses ont bougé depuis 4 ans mais que la situation est loin d’être parfaite. Tout se construit au fur et à mesure « en marchant ». La gestion RH est également complexe et l’IA a recruté deux personnes pour cela. Il admet toutefois que budgétairement les choses sont « bornées », « limités ».
M. Boutonnet ajoute que des choses doivent évoluer : favoriser un accompagnement collectif (plutôt qu’individuel), développer une troisième voie (entre l’école et l’établissement médico-social) en permettant aux établissements médico-sociaux d’ouvrir des classes en milieu scolaire.
Nous signalons que nous manquons souvent de matériel adapté pour les enfants et que c’est extrêmement compliqué d’être satisfait.e dans ce domaine, que nous devons nous battre pour obtenir des choses qui paraissent peut-être « petites » mais qui ne le sont pas pour le bien des enfants.
M. Boutonnet dit qu’il faut faire remonter les besoins à lui ou au référent. Qu’il y a à disposition « le matériel de droit commun » (celui des écoles) et celui qui est indiqué dans les notifications MDPH qui fait l’objet de demandes spécifiques toujours satisfaites. Il sait aussi que certaines mairies ne jouent pas le jeu.
Nous exigeons des réponses concrètes et immédiates, des moyens de réagir face aux cas les plus lourds, notamment lorsque nous sommes nous-mêmes victimes de violences : mordu.es, gifflé.es, griffé.es, crachats…
M. Millangue indique réagir immédiatement dès qu’il est saisi de situation. Si « galoper avec des gamins fait partie de [notre] travail », les situations graves doivent être signalées dans le Registre Santé et Sécurité au Travail (CLIQUEZ). Les personnels ont aussi un droit de retrait (CLIQUEZ).
M. Millangue et M. Boutonnet indiquent qu’il est anormal de se retrouver seul.e avec l’enfant. En ce sens, la notion d’équipe est indispensable pour gérer les problèmes. L’équipe de suivi doit alerter le référent handicap et M. Boutonnet. Ce dernier précise « qu’il n’obtient rien en claquant des doigts ».
Mme Lopez indique qu’il serait bien que l’inspection mette en place une formation sur la question de la violence.
Au sujet de ce travail en équipe de suivi, nous objectons qu’il arrive qu’il ne soit pas suffisant voire inexistant parfois. Cela nous isole avec notre propre souffrance et celle de l’enfant. D’une manière plus large, il faudrait créer un lien réel entre les équipes de suivi et les équipes de soins.
M. Millangue dit qu’il est « ravi de voir à quel point il est d’accord avec nos constats ». Sur ce dernier sujet, il dit qu’il n’est pas acceptable d’objecter le secret médical pour les situations les plus délicates. Pour ce qui est de l’équipe de suivi, elles doivent fonctionner : « les rouages doivent fonctionner! Il y a des personnes qui sont en charge et payées pour cela ».
M. Boutonnet ajoute qu’il faut se tourner vers le-la directeur.trice et vers l’enseignant référant handicap (il y en aura 23 dans le département à la rentrée 2018).
Nous insistons sur le fait que, concrètement, notre position nous permet difficilement de prendre autant de responsabilités, d’autant s’exposer auprès des enseignants, du référent handicap… Que d’autre part nous sommes attaché.es émotionnellement à ces enfants, leurs familles et leurs difficultés. Certaines situations nous dépassent complètement. Nous n’y sommes pas préparé.es, insuffisamment formé.es. Nous sommes AESH et pas psychiatre, ni agent de sécurité.
M. Millangue dit que les solutions sont là et insiste sur l’utilisation du Registre Santé et Sécurité au Travail et du droit de retrait (quand il y a des coups, des jets de projectiles…). Il insiste aussi sur la nécessité que les équipes fonctionnent bien. Il faut se tourner vers le directeur.trice d’école et faire remonter les informations. Il ne faut pas avoir ce sentiment d’être seul.e.
M. Millangue reconnait qu’on ne peut pas accueillir ces enfants comme des enfants ordinaires mais que c’est difficile à anticiper. Car les pathologies se multiplient ce qui alourdi et complique le métier. Il y a tout de même un Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP) auquel se référer. « Votre travail c’est l’accompagnement scolaire », il faut se reposer sur les équipes entières.
Toutefois, il n’en demeure pas moins qu’il y a des enfants pour lesquels nous ne voyons pas l’intérêt d’être scolarisé en milieu commun. Et lorsque les situations relèvent d’autre chose que l’école, l’institution ne trouve pas de solution pour les enfants.
M. Millangue : « vous participez à l’évaluation des bénéfices de l’école pour l’enfant mais cette évaluation repose sur tous les acteurs. L’IME, par exemple, n’est pas la seule solution. Il doit y en avoir d’autre que nous (tous) devons imaginer ensemble ».
« Ce que vous nous dites nous fait progresser. Je peux vous recommander des choses, mais je n’ai pas toutes les réponses. Vous avez un métier difficile et très mal payé même si les choses progressent ».
M. Boutonnet lance « vous êtes véritablement des pionnier.es ».
Enfin, nous avons exposé nos revendications et le besoin d’une réelle reconnaissance pour le métier.
- La titularisation de tous.tes les salarié.es, quel que soit le contrat, sans condition de concours ni de nationalité et avec une formation adaptée
- La création d'un nouveau métier sous statut de la fonction publique répondant aux missions d'AESH
- Un service à temps complet qui intègre les périodes de réunion de synthèse des équipes de suivi de scolarité, de concertation avec les enseignants, de préparation...
- Une véritable formation débouchant sur un diplôme de niveau bac minimum (niveau IV).
Si la question du handicap et des AESH à souvent été posée par le passé à la direction de l’inspection académique, c’est une des (si ce n’est la) premières fois que les AESH, elles/eux -mêmes étaient reçu.es. M. l’inspecteur d’académie nous a semblé avoir une réelle volonté de dialoguer et de construire.
Mais au quotidien, nous savons qu’il nous appartiendra, à nous, ensemble, de nous organiser, de nous mobiliser, et d’obtenir les changements que nous voulons. La CGT sera à nos cotées pour nous accompagner.
Des pistes et des conseils nous ont été données par l’Inspecteur d’Académie, si elles peuvent paraître compliqué.es à mettre en œuvre seul.es, il faut que collectivement, ensemble, nous le prenions au mot !
REMARQUE : si vous avez un doute quant à la bonne utilisation du Registre Santé et Sécurité au Travail (RSST) et du droit de retrait, n’hésitez pas à contacter la CGT Educ’Action du Var (06.59.95.68.28 / 06.62.01.08.93 / cgteduc83@cgteducvar.fr).
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