Projets de Programmes Cycles 1 et 2
La consultation sur les projets de nouveaux programmes C1 et C2 s'est déroulée du 16 avril au 13 mai…
Pour la CGT Éduc’action, les délais et la forme de cette consultation sont scandaleux.
La publication de tels projets au cours du tunnel des vacances de printemps n'a pas permis une participation massive et éclairée des collègues
La réunion de concertation entre Ministére et les syndicats ( durée 1h30) n'a pas permis de modifier les choses ( LIRE ICI la Déclaration de la CGT lors de cette réunion: Liminaire cgt programmes )
Comment accepter que les parents, comme n’importe quelle personne, puissent donner leur avis sur notre outil de travail principal que sont la pédagogie et les programmes ?
On assiste bien à une volonté ministérielle, qui n’est désormais plus cachée, de dénigrer nos métiers et notre professionnalité.
Avec un tel calendrier et de telles exigences de la part de l’institution, on comprend surtout qu’il y a une volonté de ne tenir compte de rien, d’aller vite et de tenir des délais pour la labellisation des manuels qui doit intervenir avant la rentrée 2024. C’est une des raisons, principalement technique, qui ont fait dire à la CGT Éduc’action qu’il est impossible de travailler dans une telle urgence pour les programmes, les manuels et la formation des collègues… Pour ce qui est de notre opposition politique, LIRE ICI la Déclaration de la CGT lors de la réunion au ministére: Liminaire cgt programmes
Pour nous, de façon générale, ces programmes sont plus que prescriptifs-injonctifs, très contraignants pour les personnels qui perdent une grande partie de leur liberté péda et font place à l’évaluation permanente. D’ailleurs, on a l’impression de programmes visant expressément à bachoter pour les évals nationales….Ils deviennent encyclopédiques et Ils veulent introduire des objectifs annuels, avec des temps de passage obligés pour chaque élève comme si tous les élèves avançaient au même rythme… C’est la traduction d’une vision partielle, et partiale, de la recherche en neuroscience qui veut qu’un cerveau (mais aussi le langage, la connaissance…) est un outil qui se construit à l’identique sans prendre en compte tous les éléments extérieurs de l’enfant… Comment croire qu’il ne suffit que de fluence ou d’exercices répétitifs, de copie répétée pour que tous les élèves réussissent ? La mécanique ne laisse pas la place au sens…
On dénonce également des documents qui mélangent programmes et documents d’application, véritable kit d’utilisation pré-machée pour personnels rendus techniciens de l’apprentissage…
On dénonce aussi une volonté, une nouvelle fois, de tout miser sur la fluence alors qu’elle n’est pas une fin en soi, qu’aucune recherche ne prouve une corrélation entre la rapidité à lire des mots oralement et la compréhension d’un texte. D’ailleurs les résultats PISA indiquent clairement que les élèves savent déchiffrer mais ne comprennent pas… Ils ne savent donc pas lire…
Il y a une volonté aussi de construire un-e élève de façon binaire ; soit il-elle sait soit il-elle ne sait pas… de façon définitive… Dans ce cadre, quelle place pour les élèves en difficultés ? Nouveau tri ? Multiplication des redoublements ? Si les élèves ne maitrisent pas suffisamment les compétences évaluées (compétences dont on ne sait plus vraiment s’il en est encore question aujourd’hui dans ce projet…) en mathématiques lors des évaluations nationales CM1 – notamment ceux de fluence en calcul mental – c’est parce que ce type d’exercices leur occasionnerait du stress ; donc, pour les aider à surmonter ce stress, il faut multiplier les exercices qui le provoquent – vous rendez-vous compte de l’absurdité et de la violence de ce raisonnement ? À tel point que viennent dans ce projet s’ajouter des passages redondants sur la bienveillance nécessaire qui doit accompagner la mise en place de ces programmes. Mais prenons donc les choses dans le bon sens : définissons ce qu’est un enfant, ses besoins – tous ces travaux ont déjà été menés – et réfléchissons à des programmes qui vont non seulement lui être utiles mais vont aussi lui laisser le temps d’apprendre, de réfléchir, de se construire en partageant avec ses pairs. Avec tous ses pairs, pas seulement les élèves du même niveau. Car le fonctionnement que le ministère propose semble être les prémices des groupes de niveaux du collège. L’enseignant·e doit avancer, coûte que coûte, avec des étapes prédéfinies, une progression et un calendrier intenables, dans la mise en œuvre des programmes : on va laisser sur le carreau les élèves qui n’y arrivent pas parce qu’ils ont besoin de plus de temps, de plus d’étayage, et on tentera de « réparer » avec les APC, les stages de réussite, etc.
Que dire également de la volonté, déjà avancée, de primariser l’école maternelle qui doit être une grande et profonde préparation aux fondamentaux. Ce recentrage permanent sur les fondamentaux est profondément injuste et rétrograde, mais bel et bien une volonté d’un mouvement du Capital.
Enfin, de façon pratique, comment le ministère prévoit-il que les personnels s’approprient ces nouveaux programmes d’ici septembre 2024 ? Sur quel temps ? Avec quels supports ?