Déclaration Liminaire CTM du 16 juin
La mobilisation exceptionnelle qui s’est développée dans tout le pays depuis près de trois mois contre le projet de loi "Travail" ne faiblit pas. La manifestation nationale du 14 juin a été la plus importante depuis le début de la lutte pour obtenir le retrait de cette loi.
La CGT reste déterminée à mener un combat contre une loi qui repose essentiellement sur des bases idéologiques qui n’avaient jamais été annoncées lors de la campagne présidentielle de 2012.
L’inversion de la hiérarchie des normes prévues dans l’article 2 est une remise en cause d’un acquis social obtenu à la suite des grandes grèves de 1936.
Ce gouvernement s’entête à maintenir un texte qui, pour des raisons différentes, est rejeté massivement par les salarié-es ainsi que par une majorité des organisations syndicales et même patronales.
Pour la CGT, la version actuelle est toujours inacceptable et doit être retirée.
Enfermé dans une impasse politique, le Premier ministre n'hésite pas à jouer le pourrissement, l’intimidation et les amalgames entre manifestants et casseurs. Ce pouvoir, très largement discrédité dans l’opinion publique concentre ses attaques contre la CGT.
Tous les moyens semblent bons pour un gouvernement qui est dans l’incapacité de faire adopter son projet par sa propre majorité et en est réduit au passage en force en utilisant l’article 49.3.
Pourtant, la méthode pour mettre fin à ce conflit est simple, il suffirait que le président de la République annonce le retrait du texte et la reprise de négociations avec les organisations syndicales.
Quelle que soit l’issue de la lutte en cours, la CGT restera fidèle à ses traditions pour la défense des intérêts des salarié-es. Elle a pris ses responsabilités face à l'Histoire.
En attaquant ainsi le Code du Travail, ce gouvernement et ceux qui le soutiennent mettent en place une première étape qui entraînera, certainement, des transpositions dans le secteur public et des attaques contre le statut général. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les programmes politiques mis en avant dans le cadre de la future campagne présidentielle.
Pour faire diversion et pour préparer la prochaine campagne présidentielle, le gouvernement multiplie les annonces : hausse de la valeur du point d’indice, augmentation de l’ISAE et applications du protocole PPCR.
Il faut se souvenir du contexte sur lequel se base cette pseudo revalorisation des carrières des enseignant-es.
Le Protocole sur les Parcours Carrière et Rémunération (PPCR) des fonctionnaires a été soumis, en septembre 2015, à la signature des organisations syndicales après un an de négociation, celles-ci l'ont rejeté majoritairement.
Face au refus de la CGT, de FO et de Solidaires de ratifier ce texte, Manuel Valls a décidé unilatéralement d’appliquer l’accord minoritaire dans toute la fonction publique.
Les propositions faites dans le cadre d’un plan de communication bien orchestrée sont très loin de couvrir la perte de pouvoir d’achat de 14 % subie par les personnels depuis 2000.
L’annonce de la mise en place d’une classe exceptionnelle, qui est en réalité un GRade à Accès Fonctionnel (GRAF), va accentuer les inégalités entre collègues ainsi que les inégalités salariales femme/homme.
Ce nouveau grade qui ne concernera que 10 % des enseignant-es à terme sera réservé à 80 % aux enseignant-es ayant exercé des fonctions particulières.
L’exemple du premier degré est évident. La valorisation pour l’accès à ce nouveau grade des fonctions de directeur d’école, occupée majoritairement par des hommes, se fera au détriment des femmes dans un corps très fortement féminisé.
La mise en place effective de ce plan de revalorisation qui se fera par étapes à partir du 1er janvier 2017 et jusqu’en 2020 pourrait, évidemment, être remis en cause après les élections présidentielles et législatives de 2017.
Il n’y a aucune assurance que les promesses et l’espoir suscité auprès des personnels par cette modeste revalorisation salariale seront tenus.
Les nouvelles grilles proposées lient, dans une moindre mesure, la rémunération à l’évaluation, ce que nous actons positivement, mais elles ne prennent pas réellement en compte la hausse du niveau de qualification exigé pour entrer dans les corps enseignants.
En conclusion, les analyses qui nous avaient conduits à nous opposer au protocole PPCR étaient fondées.
Il n’y aura pas de réelle revalorisation des rémunérations des enseignant-es, pour l’immense majorité des personnels.
Pour la CGT, ces nouvelles grilles de rémunérations qui mettent en place un 3e grade à accès fonctionnel sont inacceptables.
Après avoir malmené les enseignant-es en mettant en œuvre les réformes qui dégradent leurs conditions de travail, la ministre communique sur la revalorisation des salaires. Il est loin d’être certain que cela suffira à convaincre nos collègues d’accorder leurs suffrages à ce gouvernement à bout de souffle.