Revalorisation: Que se cache t-il derrière les annonces?
Revalorisation: quelle réalité pour les personnels?
La revalorisation tant vantée par le Ministère sera en fait très limitée.
1) Tout d'abord 9 points d’indice majoré mensuels supplémentaires vont correspondre à l’intégration d’une partie des primes et indemnités. C'est la théorie des vases communicants, ce qui sera gagné en salaire sera perdu en prime ( c'est certes mieux de l'avoir en salaire - c'est d'ailleurs une revendication ancienne de la CGT - mais ce n'est pas une véritable revalorisation )
A priori, pour les enseignants, ce sera la partie fixe de l’ISOE (personnels du 2nd degré) et l’ISAE (personnels du 1er degré), qui sera impactée par cette intégration. 9 points d’indice majoré correspondront, au 1er février 2017, à 42,17 €. De ce fait, l’ISOE ou l’ISAE passerait de 99,93 €/ mois à 57,76 €.
2) En théorie à l’horizon 2020 une faible revalorisation , les rémunérations mensuelles des personnels par échelon, dans la classe normale et la Hors classe, seront effectivement augmentées. Une plus forte hausse est à constater sur les deux premiers échelons de la classe normale et sur l’ensemble des échelons de la Hors classe. Au total, compte tenu de l’abstraction faite des 9 points d’indice mensuels, c’est une augmentation moyenne de 5,21% sur l’ensemble des échelons de la classe normale, de 10,83 % sur l’ensemble des échelons de la Hors classe, soit,
7,54 % sur l’ensemble des échelons des deux grades. Ce qui est loin d'être extraordinaire surtout vu le laps de temps encore à attendre ( 4 ans ) et l'incertitude que ce dispositif sera réellement appliqué du fait des changements de gouvernement à prévoir...
3) Mais dans la réalité , il n’y aura pas revalorisation des rémunérations des personnels enseignants, d’éducation et psychologues. Les seuls qui pourront éventuellement être concernés sont ceux qui bénéficieront d’une hypothétique intégration dans le 3ème grade (Classe exceptionnelle). Mais comme seulement 10% de l’effectif d’un corps pourra y accéder (dont 8% ayant rempli, pendant 8 ans minimum, des missions particulières ou ayant exercé en éducation prioritaire et seulement 2% pour les autres), on peut maintenant dire que l’immense majorité des personnels concernés ne sera pas revalorisée comme le prétend le Ministère. Par exemple sur une durée de 40 ans d’exercice (avec entrée dans l’éduc comme stagiaire à 22 ans) correspondant à un agent qui n’avancerait qu’au Choix (anciennes grilles) ou à la durée normale (nouvelle grille) avec 1 an dans le 11ème échelon de la classe normale pour passer ensuite à la HC, le collègue serait à peine gagnant dans la mesure où il ne bénéficierait que de 8 153,68 €, soit 0,61%, au bout de ses 40 ans de carrière avec la nouvelle grille, comparativement à l’ancienne: bonjour la revalorisation!
4) Pire encore certains vont perdre de l'argent sur une durée de 40 ans d’exercice (avec entrée dans l’éduc comme stagiaire à 22 ans) sur la base d’un avancement au grand choix, puis intégration dans la HC après 2 ans dans le 10 ème échelon de classe normale, pour l’ancienne grille, et une durée réduite et intégration dans la HC après 2 ans dans le 9ème, telle que le prévoit la règlementation des nouvelles grilles, le gain sur 40 ans n’existe plus, mais c’est une perte de 34 695,33 € que subiront les personnels (-867,38 € / an) , soit -2,42 %. En conclusion, un collègue ayant un parcours au plus rapide est maintenant perdant avec les nouvelles grilles. Il est vrai, qu’il aura peut-être la possibilité d’atteindre la classe exceptionnelle en fin de carrière, mais, s’il ne s’est pas investi dans des fonctions particulières ou n’exerce pas en éducation prioritaire, il ne tirera pratiquement aucun bénéficie du nouveau dispositif.
Voilà de quoi tempérer largement les annonces !
Ne pas se laisser leurrer par la campagne de désinformation menée par le gouvernement et les Organisations Syndicales qui lui obéissent:
A la rentrée le peu d'augmentation que vous constaterez sur vos rémunérations n'aura rien à voir avec la revalorisation, il s'agira de la hausse de 0,6% de l’indice brut mensuel de 4,63 euros à 4,657 euros soit entre 10 et 20 euros de plus selon l’indice ( une deuxiéme hausse de 0,6% est prévue en janvier 2017) et pour les PE de l'alignement de l'ISAE sur l'ISOE du second degré.
Que se cache t-il derriére l'écran de fumée de ces pseudos revalorisations?
Tout simplement le début de la fin du statut général de la fonction publique.
Pour la CGT, ces nouvelles grilles de rémunérations qui mettent en place un 3ème grade à accès fonctionnel (GRAF) sont inacceptables. C'est la mise en place progressive d'une hiérarchie intermédiaire. C'est le développement et l'accroissement d'inégalités de traitement entre les collègues et un outil de division des équipes enseignantes.
Les grilles proposées continuent (dans une moindre proportion pour la classe normale) à lier la rémunération à l’évaluation, et sont loin de compenser les pertes de pouvoir d’achat subies par les personnels depuis de nombreuses années ( - 15 % soit environ 400 euros de pertes nettes chaque mois ! ). En outre une évaluation qui réintroduit un rôle prépondérant du chef d'établissement dans le second degré en tout point conforme au projet rejeté par les personnels il y a quelques années.... C'est donc une autonomie des chefs d'établissements encore renforcée par la main mise sur l'évaluation des collègues et bien sur un accroissement des inégalités selon les établissements que l'on est en train de nous imposer. Et pour le 1er degré? Et bien il y a fort à parier que d'ici peu va poindre à nouveau le projet de constituer des EPLE rassemblant plusieurs écoles avec à leur tête un super directeur - classe exceptionnelle ++, qui pourra à l'instar du chef d'établissement dans le second degré évaluer les collègues!
Ces nouvelles grilles ne prennent pas non plus en compte le niveau de qualification exigé pour entrer dans le corps comme titulaire (BAC+5). Pour mémoire, la CGT revendique une entrée dans la carrière avec une rémunération équivalente à 2 fois le SMIC pour se terminer à 2 fois la rémunération de début de carrière. Avec la nouvelle grille de la classe normale, un jeune collègue entrera dans la carrière avec une rémunération brute égale à 1,246 fois le SMIC actuel… Ce n’est surement pas comme cela que l’on va attirer nos jeunes dans la profession ! Tarir la source, tout en ne renouvelant pas les départs à la retraite,ou bien les remplacer quand la pression est trop forte par des personnels contractuels , quoi de mieux pour réduire le nombre d'enseignants statutaires !
Cependant, les futurs retraités pourront prétendre à une pension calculée sur la base des nouveaux indices de fin de carrière (seul point positif à nos yeux).