Prime Macron suite

En décembre dernier lors d'une allocution télévisée, le Président de la République avait annoncé la mesure suivante: "Tous les employeurs qui le peuvent verseront une prime de fin d'année à leurs salariés" sans que cette prime "ne soit soumise à impôts ou charges". Suite à cela nous avions invité les collègues à demander cette prime auprès du Recteur de l'académie de Nice, représentant le Ministére de l'Education nationale dans l'académie ( VOIR ICI )

Plusieurs centaines de collègues ont donc participé à cette initiative en écrivant au cabinet de M. le Recteur

Nous avons pris acte fin janvier,  qu'après  une relance de la CGT Educ’Action  ( VOIR ICI ), Monsieur le Recteur a pris le temps de répondre aux très nombreux collègues qui lui avaient écrit fin 2018 pour bénéficier de la prime Macron ( Nous avons d'ailleurs évoqué cette réponse lors de la déclaration liminaire au Comité Technique du Var relatif aux DGH des établissements du 2nd degré le 25 janvier dernier : VOIR ICI ) .

Pour autant nous regrettons que les réponses de M. le Recteur  soient  stéréotypées.

En effet, toutes identiques, elles ne prennent pas en compte les spécificités de chacun des corps auxquels appartiennent les collègues qui l’ont interpellé :   enseignants du second ou du premier degré, des personnels administratifs ou de laboratoire etc… avec des problématiques en termes de rémunération parfois forts différentes.

Tout d’abord monsieur le Recteur rappelle que cette prime ne va concerner que les salariés du privé. Certes mais cela n’était pas explicité dans l’allocution du président Macron le 10 décembre. En effet ce dernier a bien parlé de tous les employeurs et pas uniquement les employeurs privés, rappelons quand même que l’état reste le premier employeur de France ! Pour le moins, il a choisi de ne pas appliquer à lui-même, comme souvent, l’exemplarité qu’il réclame aux autres.

Et ensuite M. le Recteur énumère et se félicite  dans sa réponse aux collègues  des mesures qui  vont "bénéficier" aux agents publics :

En premier lieu l’exonération sociale et fiscale des heures supplémentaires. Nous rappelons que  "heures supplémentaires" signifie en contrepartie du travail supplémentaire! Il nous semble que cela n’a rien à voir avec la prime Macron qui venait s’ajouter sans contrepartie aux rémunérations. Les collègues ne demandaient pas de travailler plus pour gagner plus comme l’exprimait un des prédécesseurs de M. Macron  mais ils demandent d’avoir une meilleur rémunération ( une juste rémunération ) pour le travail qu’il fournisse déjà au quotidien !

Or dans cette mesure de défiscalisation et désocialisation, il n’y a aucune revalorisation ou augmentation, il s’agit juste de substituer du salaire indirect par du salaire direct. Ce qui au passage selon nous s’avère être un marché de dupe qui se fait sur le dos du financement de nos retraites et de notre sécurité sociale. Un financement à crédit en quelque sorte : on vous donne plus de salaire tout de suite mais vous devrez le payer tôt ou tard !

D’autre part, M. le Recteur cite : la revalorisation et l’extension de la prime d’activité tout d’abord. Cette mesure qui ne s’applique que pour les revenus les plus modestes, le gouvernement lui-même estime qu’après la réforme, il espère atteindre 12% des fonctionnaires bénéficiaires…Le plafond de revenus pour pouvoir bénéficier d’une prime d’activité de 90 euros selon la CNAF est de 2.750 euros environ pour un couple avec deux enfants....

A n’en pas douter ce n’est pas cela qui va permettre une véritable revalorisation des personnels de l’éducation nationale..

Troisièmement, M. Le Recteur souligne    : l'annulation de la hausse de la CSG pour les retraités, même si l’on ne peut que se féliciter que le gouvernement ait (enfin !) pris en compte notre revendication concernant la CSG. Cela ne concerne pas les collègues actifs qui lui ont adressé le courrier...

Ensuite dans son courrier M. le Recteur en vient aux mesures concernant plus particulièrement l’éducation nationale (il précise d’ailleurs qu’elles sont déjà mises en œuvre. C'est-à-dire, n’attendez rien de plus de notre employeur. Il nous reparle du développement des heures supplémentaires défiscalisées dont la seconde va devenir obligatoire à la rentrée, permettant par la même de supprimer plus de 2000 postes d’enseignants....

Cinquième point… Le PPCR va permettre « l’augmentation de nos rémunérations » !

M. Le Recteur prend  l’exemple d’un enseignant en début de carrière qui va gagner 1000 euros de plus en un an ! Visiblement cela n’a pas convaincu les candidats aux concours de l’enseignement car on comptait 36 607 candidats inscrits en 2018 pour l’ensemble des Capes externes, contre plus de 40 000 inscrits il y a dix ans, en 2008… sans doute l’effet de la Revalorisation des Carrières Enseignantes et du PPCR !

Ajoutons à cela, qu’en dehors des enseignants en tout début de carrière, nous dénonçons, à juste raison l’impact du PPCR. La preuve ?

sur une durée de 40 ans d’exercice (avec entrée dans l’éducation comme stagiaire à 22 ans) sur la base d’un avancement au grand choix, puis intégration dans la HC après 2 ans dans le 10 ème échelon de classe normale, pour l’ancienne grille, et une durée réduite et intégration dans la HC après 2 ans dans le 9ème, telle que le prévoit la réglementation des nouvelles grilles du PPCR, le gain sur 40 ans n’existe pas, mais c’est une perte de 34 695,33 € que subiront les personnels  (-867,38 € / an) , soit -2,42 %.

Vous nous direz que cet exemple est « maximaliste » mais dans tous les cas de figures, lorsque des « gains » existent ils sont de quelques petites dizaines d’euros puisque parallèlement les cotisations, retraites et CSG, augmentent. Compte tenu de la perte de pouvoir d’achat depuis près de 15 ans, le PPCR entérine un recul de près de 20 ans pour nos carrières au service du public!

Par exemple pour un certifié classe normale Echelon 5 qui était avec l'ancien système à Indice 458, est passé à l'indice 466 au 01/01/2017 soit un gain brut de 38  € et un gain net de 16 €...  son Salaire Brut est de  2 184 € et son Net de 1 754 €,

Il est passé au 01/01/2018 à l'Indice 471, son Brut est donc de 2 207 €  et son Net de 1 748 € ( perte de salaire de 6 €).

Et depuis le 01er janvier 2019, et bien il a gagné de nouveau en brut grâce au transfert prime / points mais rien de plus en net car la baisse de la prime  ISOE ( ou ISAE dans le 1er degré ) compense le gain supplémentaire en brut . Un gain de 10 euros sur 3 ans grâce au PPCR ce n’est pas beaucoup mais c’est déjà ça nous direz-vous ?

Enfin pas tout à fait car c’est sans compter l’augmentation des cotisations retraites qui viendront réduire ce faible gain…voire parfois l’annuler!

Pour poursuivre, M. Le Recteur nous parle   d’une mesure spécifique aux professeurs enseignant en REP+ , sans rentrer dans le détail de cette mesure il est bon de rappeler que cela ne concerne que trois collèges dans tout le Var et les écoles afférentes…. Ce n’est donc pas cela qui va permettre de revaloriser nos carrières...

Dans le suite de son courrier, M. le Recteur, nous informe ( sans doute pour montrer combien l’on se souci de nous en haut lieu ! ) que le MEN va mettre en place un Observatoire des rémunérations des professeurs…

Non vous ne rêvez pas ! L’état qui nous emploi va enquêter pour savoir combien gagne ses enseignants fonctionnaires!

Pour gagner du temps nous lui suggérons de consulter nos fiches de paye, qu’il connait fort bien puisque c’est lui-même qui les élabore …. Cela fera économiser l’argent public qui va être dédié à la création de cet  observatoire… s’il n’a décidément pas confiance dans ses propres services , nous lui suggérons de prendre contact avec notre syndicat qui publie chaque année un hors-série de son mensuel "Perspectives" sur les rémunérations des personnels de l’éducation nationale ( Et oui, car contrairement  au futur observatoire nous ne nous intéressons pas qu’aux rémunérations des professeurs mais à celles de tous les personnels de l’Education Nationale  )

Pour finir, M. le Recteur nous fait par de mesures complémentaires comme la monétisation des jours épargnés sur les Compte Epargne Temps. Rappelons que Le Compte Épargne Temps (CET) vous permet de stocker des jours de congés non pris que vous pouvez utiliser dès l’année suivante sous certaines conditions ou que vous pouvez monétiser. Seul bémol que nous signalons à M. le Recteur , d’après la circulaire  n° 2010-205 du 17-9-2010

Sont exclus du dispositif du CET :

- les enseignants, enseignants-chercheurs, documentalistes, conseillers principaux d'éducation et conseillers d'orientation psychologues, etc. ;

- les bénéficiaires d'un contrat aidé ;

- les personnels engagés à la vacation.

Donc là encore cela va impacter que très marginalement les personnels de l’éducation nationale...

Puis M. le Recteur nous informe du maintien du versement de la GIPA (garantie individuelle du pouvoir d’achat ) qui est en vigueur depuis 10 ans, qui ne touche qu’une faible partie des collègues tellement les conditions sont drastiques pour en bénéficier. Pour autant nous invitons comme nous le faisons chaque année ( VOIR ICI )  tous les personnels de l’éducation nationale à nous consulter pour savoir s’ils sont effectivement éligibles à la GIPA : cgteduc83@cgteducvar.fr

Pour terminer M. le Recteur nous fait savoir que les "dépenses"  en personnels sur l’académie de Nice pour l’année scolaire 2016/2017 sont en augmentation de 3,8% par rapport à l’année scolaire précédente ….Outre le fait que les dépenses en question ne sont qu’en partie dû à une hausse des rémunérations ( cela provient également du nombre de postes dans l’académie par exemple ) liée à l’augmentation de  0,6% du point d’indice en février 2017, nous faisons remarquer que cela est très loin de compenser la perte de 15 % de pouvoir d’achat que nous subissons depuis 2010 et le gel du point d’indice…surtout dans une académie comme la notre où le coût de la vie est très supérieur à la moyenne nationale !