Les contes de la cour des comptes
Constatant le manque d’attractivité du métier d’enseignant.e et le déficit chronique de concurrent.es aux concours de l’Education Nationale, la Cour des Comptes, dans un rapport présenté le 1er février, a émis diverses propositions pour résoudre le problème.
Selon la Cour des Comptes, le manque flagrant de candidat.es aux concours de l’EN depuis plusieurs années ne résulte pas de la faiblesse des salaires mais plutôt de la succession incohérente de diverses logiques de formation. En effet, en 10 ans, les conditions d’accès aux concours ont été modifiées par trois fois.
La seule constante que l’on puisse trouver dans ces différentes versions est qu’elles répondent toutes à des soucis de gestion financière plutôt qu’à des logiques de formation.
De fait, ces revirements, ces errements nuisent à la lisibilité d’accès dans le métier.
La Cour des Comptes propose donc une solution bien simple : Supprimer tout bonnement les concours, là où la crise de recrutement est la plus forte.
Concernant le second degré, la Cour préconise, pour les disciplines déficitaires, le recours à un recrutement par voie contractuelle. Le recrutement se ferait à la suite de deux entretiens avec les autorités rectorales et à exigence de diplômes inchangée.
Les collègues recruté.es ainsi se verraient proposer un contrat de trois à cinq ans avec accompagnement dans leur prise de poste ( Par qui ? Quand?Comment ? On verra !!…). En contrepartie ( Eh oui ! Rien n’est gratuit à l’EN!) ils ou elles s’engagent à rester dans l’académie concernée sur le poste assigné durant toute la durée de leur contrat.
Pour résumer et être un peu concret, prenons l’exemple d’un.e jeune désoeuvré.e titulaire d’un M2 en Mathématique. Il ou elle pourra, après deux entretiens , avoir la chance d’enseigner dans l’académie de Créteil , sur un poste dont personne ne voulait et ce, pendant 5 années !
Mais, ne noircissons pas le tableau, il ou elle sera ( peut-être)accompagné.e par un.e professeur.e émérite exerçant dans le même établissement ….( à condition qu’il en reste et qu’ils ou elles n’aient pas tous déjà fui ailleurs) !
On reste dubitatif. Pas sûr que ce nouveau type de recrutement déclenche l’enthousiasme !
Concernant le premier degré, la Cour des Comptes promeut le modèle imaginé par JM Blanquer. Les PPPE.
Sauf dans les académies déficitaires, les futur.es enseignant.es devront être détenteurs.trices d’une licence professionnelle ( plus de licence ordinaire ) suivie d’un master MEEF .
Enfin, la Cour préconise aussi, une différenciation de la paye en fonction des territoires d’exercice plutôt qu’une revalorisation salariale générale.De façon à rendre plus « attractifs » certains territoires particulièrement déficitaires.
Lier ce manque d’appétence pour les métiers d’enseignement aux seuls territoires d’exercice est très probablement une profonde erreur. Voire une faute en ce qu’elle permet de ne pas répondre au malaise et au sentiment de déclassement qui, de réforme libérale en réforme libérale, s’instille parmi les collègues.
Ajoutons enfin que, au vu des dernières déclarations de Pap N’Diaye, ce rapport semble malheureusement avoir l’oreille attentive et servile du Ministère de l ‘Education Nationale.