Epreuves de langue au Bac
La réforme des épreuves de langues étrangères au baccalauréat doit se mettre en place dès cette année. Cette réforme prévoit d’ajouter des épreuves d’expression et de compréhension orales. Les professeurs de langue se réjouissent du fait qu’enfin l’oral soit évalué. Cependant, la mise en œuvre des nouvelles épreuves dès cette année pose de très gros problèmes, à plusieurs niveaux.
Fondamentalement, ces épreuves perdraient leur caractère national, et contribueraient à faire du baccalauréat un examen partiellement local. Cette logique est contraire aux principes d’équité et d’anonymat qui régissent le bac, et auxquels nous sommes très attachés. En effet, avec la réforme qu’on veut nous imposer, les professeurs sont censés à la fois définir les sujets et corriger eux-mêmes les copies de leurs propres élèves. Autrement dit, on leur demande d’être à la fois juge et partie.
Le risque est évident : en introduisant des éléments de caractère local dans l’examen – éléments sans doute appelés à se multiplier à l’avenir dans d’autres disciplines – les autorités de l’Education Nationale introduisent une dose d’inégalité entre les établissements. Comme chaque lycée cherche à avoir les résultats les meilleurs possibles au baccalauréat, une telle réforme conduirait forcément à des pressions sur les professeurs pour qu’ils choisissent des sujets en fonction du niveau global du lycée et pour qu’ils soient indulgents dans la notation de leurs propres élèves. Cette logique conduit directement à l’accroissement des inégalités entre établissements scolaires. Par la suite, on comprend aussi que les employeurs auraient tendance à apprécier différemment les CV en fonction du lieu de scolarisation et d’obtention du diplôme. C’est injuste et dangereux. C’est donc inacceptable !
En outre s'ajoutent les difficultés de mise en oeuvre de la réforme, car les nouvelles épreuves d’expression orale font l’objet d’un très grand flou – au point que les collégues ne savent toujours pas vraiment comment préparer les élèves à cette épreuve. De plus, on trouve une bonne dose d’arbitraire dans l’épreuve de compréhension orale qui doit faire l’objet d’un « compte-rendu ».
Un moratoire a donc été demandé au Ministére sur l’application de cette réforme, qui permettrait de faire passer cette année les épreuves selon l’ancien format, tout en donnant le temps de mettre en place de nouvelles épreuves dans le respect des principes d’égalité et d’anonymat du baccalauréat.